jeudi 24 juin 2010

Ouvrir le débat sur la gouvernance de l'Internet au Togo

Les technologies de l'Information et de la communication numérique plus connues sous l'acronyme TIC, se sont peu à peu diffusées dans les différents secteurs de la vie des togolais depuis bientôt près de 15 ans. En effet, l'avènement de l'Internet en 1997 grâce à la compagnie privée CAFE Informatique et Télécommunications, va lancer le pays sur les chantiers de la révolution dite numérique, et mobiliser différents acteurs majeurs parmi lesquels l'État, le secteur privé, et dans une moindre mesure la société civile togolaise. Ainsi, en moins de 10 ans, le Togo va expérimenter différentes technologies d'accès à l'Internet et promouvoir une certaine amélioration des conditions d'accès à cette ressource et son utilisation.

Très rapidement, il apparaît que les usages des TICs, en particulier de l'Internet, semblent se
développer au Togo sans un cadrage politique approprié, voire dans un contexte de méconnaissance du rôle précis des différents acteurs et de leur implication réel dans le processus de développent du réseau. Aussi, plus de 10 ans après l'arrivée du réseau sur le territoire togolais, il semble opportun et nécessaire de favoriser l'émergence d'un cadre de discussions pour questionner l'état actuel de notre réseau, et surtout son devenir, en explorant différents enjeux et problématiques qui apparaissent de plus en plus prégnants avec l'augmentation du nombre d'utilisateurs sur le réseau national et surtout la diversification des usages qui s'y développent.

Questionner l'état actuel de l'Internet au Togo et son devenir, revient à parler sans détours de son utilisation, de sa gestion, et de façon plus étendue, de sa gouvernance. Dans la perspective de la société de l'information, la gouvernance de l'Internet apparaît comme « l'élaboration et l'application par les États, le secteur privé et la société civile, dans le cadre de leur rôles respectifs, de principes, normes, règles, procédures de prise de décision et programmes communs propres à modeler l'évolution et l'utilisation de l'Internet »[1].

En 2005, la phase de Tunis du Sommet Mondial sur la Société de l'Information préconise et
encourage la mise en place d'un Forum sur la Gouvernance de l'Internet (FGI). Le FGI sera ainsi créé par l'Organisation des Nations Unies (ONU) avec un mandat de 5 ans pour servir de plateforme à « un processus impliquant de multiples parties prenantes, dans lesquels les utilisateurs et les consommateurs d'information décident, à l'échelle mondiale, de s'entendre sur une série de lignes directrices fondamentales touchant à des sujets tels que la sécurité, la protection de la vie privée et l'efficacité »[2].

C'est ainsi que le FGI s'est réuni annuellement en 2006 à Athènes (Grèce), en 2007 à Rio de Janeiro (Brésil), en 2008 à Hyderabad (Inde), et en 2009 à Charm-El-Check (Egypte). La tenue du FGI en 2010 est prévue en septembre prochain à Vilinius (Lithuanie). Voilà donc cinq ans que le FGI sert de « grande messe » pour débattre du futur de l'Internet avec une participation Africaine mitigée.

Cinq ans que le FGI se déroule sans que le Togo ne dispose de son propre mécanisme national de discussions des questions liées au réseau Internet et à son devenir, en prenant en compte les spécificités du contexte local et les besoins locaux.

Ouvrir le débat sur la gouvernance de l'Internet au Togo est un pari, mieux, un défi que la société civile togolaise doit relever en réunissant les différentes parties prenantes impliquées dans le développent du réseau, afin d'asseoir les bases consensuelles d'un réseau robuste, sécurisé, et fiable.

[1] Définition tirée du document du président du sous comité A (Gouvernance de l'Internet) du PrepCom-3, Genève
2005.

[2] Yoshio Utsumi, « L'après-Tunis: ce que nous attendons », Nouvelles de l'IUT, novembre 2005.

mercredi 23 juin 2010

Lorsque des médécins réclament Internet dans les hôpitaux du Togo

C'est avec grand intérêt que j'ai suivi hier 22 juin 2010 sur les écrans de la TVT (télévision nationale) la déclaration du porte parole des professionnels de la santé qui menaçait de partir en grève avec ses collègues si leurs revendications n'étaient pas satisfaite par les autorités administratives du pays.

Et dans la litanie des revendications, ô suprise, la connexion à l'Internet des CHU du Togo! Par CHU, entendez les 3 Centres Hospitalier Universitaire de Lomé Tokoin, du Campus de l'Université de Lomé, et de l'Université de Kara.

L'histoire retiendra que les médecins ont été les premiers professionnels du secteur public (peut être même tout secteur confondu) à inscrire dans leur plateforme revendicative la mise à disposition d'un accès Internet pour leurs besoins. Il est intéressant de relever que cette revendication particulière ne concerne que des structures qui passent pour être des établissements de référence en matière de recherche, et de pratiques médicales au Togo (du moins dans les prescriptions politiques).

A coup sûr, les représentants syndicaux du secteur médical n'exagèrent pas dans leurs revendications, car ils ne demandent pas que toutes les structures de santé soient connectées à l'Internet, mais seulement les "têtes de ponts" dans un premier temps. Pareille attitude semble démontrer à loisir l'importance que semble accordée les praticiens de l'enseignement et de la recherche médicale au réseau des réseaux qu'est l'Internet.

Lorsque l'Internet s'invite donc dans les revendications corporatives, cela pose le problème de la place que les autorités publiques accordent à cette ressource publique à bien des égards.

A la demande des médécins "nous voulons l'Internet dans nos CHUs", l'on pourrait répondre "votre Internet, vous le voulez comment? Gratuitement? Subventionné par l'Etat? Avec quelle largeur de bande passante? Pour faire quoi? Accessible depuis quels terminaux? Avec des ressources IP publiques ou non..." L'on pourrai se plaire à continuer par égrener ces questions insidieuses qui en fait, ne recouvrent que les vrais enjeux liés au réseau Internet.

Comme vous venez de le constater par vous même, notre Internet n'est pas si simple qu'il le paraît, mais c'est tout à fait légitime de vouloir y accéder, de mieux le comprendre, et par ricocher d'en tirer le meilleur parti qui soit.