vendredi 28 octobre 2011

Du gouv.tg, ou comment l'identification des services numériques publics sème la confusion

Dans un tweet en date du 27 octobre 2011, Amékoudji posait la question de la redirection du domaine gouv.tg vers le site gouvernementtogo.com en terme de manque de confiance vis à vis du domaine pays .tg

Le sujet concerné est fort intéressant dans la mesure où la question de la gestion et du développement du domaine pays .tg reste toujours d'actualité à l'heure du développement au numérique des services de l'Etat (même si ce dernier reste toujours invisible depuis les premières études menées par la CEA au tournant de l'année 2005, et complètées par le PNUD en 2009/2010).

J'ai répondu au tweet sus-mentionné en évoquant la question de l'hébergement qui reste vraie, mais en partie. Le site en question (gouvernementtogo.com semble être hébergé à Beaverton dans l'Etat de l'Orégon (USA).

Question N°1: Du contenu gouvernemental, donc officiel sur un territoire étranger? On pourra en redébattre à profusion.

Question N°2: Le portail officiel du gouvernement togolais s'héberge sous un domaine en .com (commercial), alors que le domaine pays .tg existe bel et bien, et marche? Je laisse encore ici le débat ouvert...

Pour revenir à la question de manque de confiance au ccTLD .tg soulevé plus haut, reprécisons tout d'abord ce qu'est le ccTLD. Un ccTLD pour faire simple est un système d'adresse sur Internet accordé aux pays (à l'instar des indicatifs téléphoniqes à l'international +228 pour le Togo). Le but primaire est de pouvoir identifier et donc adresser facilement tout entité reconnaissable dans tout système en réseau qui se respecte. Cela revient naturellement à mettre tout site web ou service internet (y compris la messagerie) qui se réclame du service public de l'Etat à se mettre sous la bannière .tg. Si le .tg n'était pas encore attribué comme c'est le cas avec le Sahara Occidental ou le .EH est bien réservé (mais pas attribué) par l'IANA qui est l'authorité international chargée de l'attribution ce genre d'adressage entre autre), on comprendrait cette profusion de sites officiels en .com au Togo. Mais le .tg existe bel et bien! Et il marche, même si on peut lui reprocher que ses serveurs soient hébergés aussi en Amérique du Nord (mais c'est un autre débat, car ici nous parlons de serveurs d'adressage et non de serveur de contenu).

En fait, le fond du problème en la matière n'est pas tant un manque de confiance, ni un problème technique lié au TIC qu'un défaut de politique spécifique pur et simple (il faut appeler un chat , un chat!). Lorsque l'Etat décide de passer un certain nombre de ses moyens du service public et le service public lui même au numérique, il nous faut établir ce que nous voulons et ne voulons pas faire pour atteindre cet objectif stratégique. Et en la matière, celle de l'Internet reste à ce jour le grand parent pauvre. Il y a à ce jour certes des efforts, mais reconnaissons le, nous n'avons tout simplement pas de politique de nommage de l'Internet dans notre pays. C'est l'une des tares qui expliquent ce foisement de .com en suffixe aux sites web dit institutionnel, et non un problème de confiance.

samedi 28 mai 2011

Internet dans les CHU du Togo: Acte II

Il me souvient qu'en juin 2010, les praticiens de la santé au Togo menaçaient d'entrer en grève si certaines de leurs revendications corporatives n'étaient pas satisfaites par les autorités concernées. Et au nombre de ces revendication, Internet s'y retrouvait (une première au Togo!). Un an après, la même revendication revient dans le cahier des doléances du syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT).

Si nous faisons l'impasse sur les recommandations que bon nombre de publications sur le sujet de la promotion des TIC exposent depuis plus de 20 ans déjà en Afrique, l'actualité de ces dernières semaines peut à bien des égards, servir de lanterne pour éclairer la juste valeur de la revendication du SYNPHOT (du moins en ce qui concerne l'accès Internet dans les 3 Centres Hospitaliers Universitaires du Togo). De la promesse de mettre les membres du gouvernement à l'Ipad à l'adoption de la Déclaration de Politique Sectorielle (DPS) du Ministère des Postes et Télécommunication, en passant par la mise en place par Togo Télécom d'une connexion réseau haut débit (je ne dis pas Internet, mais cela est un pas de géant tout de même) entre les universités de Lomé et de Kara, force est de constater que le secteur de la promotion des TICs semble s'être mis en branle au vue des ébauches de politiques volontaristes que l'on observe actuellement sur la scène nationale.

En revenant à la DPS de Mme Cina Lawson adoptée ce mois-ci (et dont je cherche désespérément copie finale sur la toile, car je ne possède actuellement qu'un brouillon datant de décembre 2010), force est de constater que le secteur de la santé n'a pas du tout été ignoré. Selon la DPS (version brouillon): "Dans le domaine de la santé, il sera question d’orienter les stratégies nationales vers l’utilisation d’outils permettant aux centres médicaux de bénéficier de l’assistance de spécialistes à distance pour des diagnostics et éventuellement d’orientations en matière de soins, et assurer ainsi une meilleure prise en charge des populations." Même si le paragraphe cité ne renvoi implicitement qu'à la seule télémédécine qui ne constitue selon moi que la partie émergée de l'iceberg des TICs appliqués au domaine de la santé, il est intéressant de noter que le SYNPHOT ne réclame pour l'instant qu'un accès Internet pour les 3 CHU du pays qui sont à la fois des centres de pratiques et de recherches médicales par excellence. Plus loin, la DPS poursuit en indiquant qu'un partenariat entre l'éducation et la santé sera mise en place pour élaborer et mettre en œuvre des projets pilotes dans les deux domaines (santé-éducation). Il va s'en dire que le "volet Internet" des revendications du SYNPHOT n'est pas dénué de tout sens dans la mesure où l'Etat vient publiquement de s'engager à promouvoir les TICs dans le domaine de la santé.

Toutefois, en ce qui me, je reconduis mes intérrogations d'il y a un an à savoir: quel Internet dans nos CHU et pour quoi faire concrètement (Eh Oui!!) ? Gratuit ou subventionné? Avec quelle largeur de bande passante? Accessible depuis quels terminaux (mobile, PC, tablettes)? Un Internet noyé dans du NAT à gogo ou accessible avec des ressources IP publiques...

En attendant la date du 30 mai 2011, merci de partager ici vos commentaires et observations. J'ose espérer que le sujet ne reviendra plus tel quel en juin 2012; quel gâchis se serait alors!!!